Sculpture en marbre blanc
Fin XVIème siècle
86 x 58 x 27 cm
L’art de la sculpture en France à la Renaissance est essentiellement le fruit des enseignements de l’art italien. Au XVIème siècle, un grand nombre d’artistes italiens se rendent à la Cours de France pour se charger des décorations du palais de Fontainebleau. L’arrivée d’artistes à la hauteur de Guido Mazzoni, des frères Antonio et Giovanni Giusti ou Benvenuto Cellini représente une véritable rénovation plastique de la sculpture gauloise. Ils la conduiront vers les formes et les qualités du classicisme italien, en abandonnant définitivement le gothique dans lequel elle était encore ancrée.
Dans la continuité des maîtres italiens, émergent des artistes comme Jean Goujon (vers 1510-1569), qui créé un style mélange de classicisme et de maniérisme, puis qui réussit à s’imposer à Paris et même à être imité dans les provinces; Pierre Bontemps (vers 1505-1568), ayant de grandes compétences aussi bien décoratives que monumentales; ou Germain Pilon (vers 1530-1590), un artiste clairement influencé par le travail en stuc du Primaticcio à Fontainebleau et les reliefs à Bontemps.
L’air nouveau qui imprégnait la sculpture gauloise ne se limitait pas seulement au
milieu courtisan, mais se répandait également hors de Paris, atteignant à la fois les sphères religieuses et civiles. Dans de nombreuses églises se sont vus installés des tombes, des tombeaux et des arrières d’autels sculptés. Les nobles et la bourgeoisie remplissaient leurs résidences urbaines et leurs palais de bustes, de médaillons et d’appliques décoratives. Les œuvres sculpturales étaient ainsi circonscrites aux classes les plus riches, car leur coût économique était beaucoup plus élevé que celles produites par les pinceaux. En raison de cela, les portraits sculptés étaient moins abondants et étaient considérés comme beaucoup plus distingués et officiels.
Le Portrait de Clerc exposé ici, présente les caractéristiques propres de la sculpture française du milieu du XVIème siècle: un rappel aux formes italiennes et au classicisme.
La sculpture soigneusement réalisée, représente un clerc reconnaissable au bonnet ecclésiastique qu’il porte à l’arrière de sa tête. Les rides de son front et de ses yeux nous laissent deviner que le personnage est âgé d’une cinquantaine d’années. Son visage serein, ferme et légèrement idéalisé est encadré par un col à amples ondulations. Cet élément de garde-robe était caractéristique du règne d’Henri IV de France (1589-1610), ce qui permet de dater l’œuvre avec une certaine précision. Le torse de la figure est richement habillé d’une chemise, d’une veste boutonnée, d’un manteau à napperons sur les épaules et d’un grand col en astrakan, témoignant du statut élevé du personnage représenté.
Techniquement parlant, tout comme le Portrait du chevalier de Pompeo Leoni
(cat. N° 11), cette sculpture s’inspire des modèles qui persistent depuis l’époque
romaine, dans lesquels le personnage est représenté jusqu’en dessous des épaules, la partie inférieure se terminant en forme d’auge. La qualité des détails, qui permettent de se faire une idée du luxe des tissus et des cuirs, et le raffinement des formes, nous disent que le travail a été réalisé par un sculpteur qui se plaçait dans la continuité du travail de Germain Pilon. Les adeptes de ce grand sculpteur français, qui dotait ses œuvres d’une grande expressivité, étaient nombreux. Cette expressivité se retrouve dans la Figure allongée d’Henri II (Paris, Basilique Saint-Denis). Cependant, la plupart de ses disciples, comme l’artiste anonyme qui a réalisé ce Portrait de Clerc, tendaient d’avantage vers le classicisme et l’idéalisation des formes plutôt que vers l’exacerbation des expressions et des sentiments.
Description complète