Cortège de putti
Plaque en albâtre sculpté en relief Monogrammée « LK »
Dim. :25,6 x 24, 7 cm
(Anciennes petites restaurations)
Provenance : Collection privée du Sud-Ouest de la France
Œuvres en rapport :
-Johann Georg Kern, Jeux d’enfants, albâtre, 20 x 26 cm, Schwäbisch Gmünd Städtisches Museum, inv.Nr 4947 ;
-Johann Georg Kern, Chope en ivoire ornée d’une bacchanale d’enfants, vers 1680, Berlin, Staatliche Museen Preussischer
Kulturbesitz, Kunstgewerbe museum ;
-Betzoldt-Werkstatt, Cylindre avec bacchanale d’enfants, ivoire, vers 1680, Berlin, Staatliche Museen Preussischer Kulturbesitz,
Kunstgewerbe museum ;
- Harald Siebenmorgen, Malcolm Baker, Leonhard Kern, Neue
Forschungsbeiträge; cat. Exp. 22. Octobre 1988 - 15 Janvier 1989, HällischFränkischen Museum, Schwäbisch Hall, 1990.
-Ss dir. Walter Rössler, Vera Schneider, Dr Walther-Gerd Fleck,
Die Künstlerfamilie Kern (1529-1691), Hohenloher Bildhauer und Baumeister
des Barock, Jan Thorbecke Verlag, Sigmaringen, 1998;
-Vera Schneider, Michael Kern (1580-1649). Leben und Werk eines deutschen
Bildhauers zwischen Renaissance und Barock, Jan Thorbecke Verlag,
Stuttgart, 2003;
-Fritz Fischer, « Grosse Kunst in kleinem Format, kleinplastiken von Leonhard
Kern », 2004, in Weltkunst, 74, 2004, p.14-17;
-Georg Satzinger, Sebastian Schütze , Der Göttliche : Hommage an
Michelangelo, München, Hirmer, 2015;
-Leonhard Kern, der deutsche Giambologna, Herausgegeben von Georg
Laue mit einem Beitrag von Virginie Spenlé ; Fotografie: Jens Bruchhaus;
Gestaltung: Michael Hahn, München : Kunstkammer Georg Laue, 2016 ;
-Virginie Spenlé, A newly discovered masterpiece by Leonhard Kern, Hercules
and Hippolyta, Julius Böhler, Kunsthandlung GmbH, 2017.
Très soigneusement sculpté dans une plaque d’albâtre, ce relief figurant quatre
putti dansants est une belle découverte. Il s’agit d’une œuvre issue de l’atelier
créé par le sculpteur allemand Leonhard Kern et repris par son neveu Johann
Georg Kern, comme l’atteste le monogramme « LK » inscrit au centre de sa
partie inférieure. Véritable témoin de l’évolution de la sculpture européenne du
XVIIème siècle, cet atelier produit de petites sculptures en matériaux précieuxivoire, albâtre et buis- inspirées des grands artistes italiens de la Renaissance.
Sculpteur officiel de la cour de l’Electeur Brandebourgeois, Leonhard Kern
travaille aussi pour le compte de riches commanditaires princiers. Ce volume
de commandes implique la mise en place d’un processus de prototypes
utilisés comme modèles. Ces prototypes semblent avoir été dotés d’une
marque reprenant le monogramme « LK » de l’artiste afin de les distinguer
Lorsque Leonhard meurt le 4 avril 1662 à Schwäbisch Hall, la direction de
l’atelier est reprise par son talentueux neveu, Johann Georg Kern.
Cette succession familiale garantit la perpétuation du style et des sujets,
notamment grâce à la présence de ces œuvres « modèles ». Notre plaque
s’inspire plus particulièrement de l’art de la Renaissance florentine, tant
dans le thème des putti que dans la représentation de la nudité dont Kern
et ses successeurs sont de fidèles traducteurs. Le style du maître y est
largement reconnaissable dans le canon des personnages, trapu et rond,
dans les visages et le traitement des chevelures, dans l’exquise finesse des
détails anatomiques,
des oreilles, des mains et des pieds, ainsi que dans l’harmonie des
proportions.
Dans la même veine que Donatello et de Jacopo della Quercia, notre relief
présente un cortège de quatre enfants potelés et dansants.
La position du bras et la légère saillie du drap dans la main gauche du putto
à dextre laisse supposer qu’une (ou plusieurs autres plaques) complétait la
scène. L’une d’entre elles pourrait bien être celle conservée actuellement à
Schwäbisch Gmünd (Dim. : 20 x
26 cm, Schwäbisch Gmünd Städtisches Museum, inv.Nr 4947). La
photographie en noir et blanc publiée dans le catalogue de l’exposition
Leonhard Kern, Neue Forschungsbeiträge, ne permet pas de juger de sa
qualité d’exécution, mais il est à noter qu’elle est donnée à Johann Georg
Kern. Or notre œuvre a servi de modèle pour des chopes ou des cylindres
en ivoire exécutés par ce même Johann Georg Kern, puis par la suite, par un
autre disciple de Leonhard, Johann Jakob Betzoldt (1621-1707). Comme
Leonhard exécutant un bas-relief sur une plaque de pierre de Solnhofen
(Leonhard Kern, Les trois Grâces, Solnhofener Stein, vers 1645, Hamburg,
Museum für Kunst und Gewerbe) représentant les Trois Grâces repris par
lui sous une forme cylindrée, (Johann Georg Kern, chope aux sept femmes,
ivoire, vers 1658, Stuttgart, Württembergisches Landes-Museum) Johann
Georg a ici réalisé un modèle de grande qualité, ressource iconographique
et stylistique pour l’atelier. Ces chopes ou ces cylindres, considérés plutôt
comme des vases d’apparat destinés à être exposés, étaient le support de
prédilection de ces bacchanales de Putti et sont devenus les principales
réalisations de l’atelier Kern dans la seconde moitié du XVIIème siècle. Dans
ce contexte particulier, on comprend donc
le statut de notre œuvre, celui de prototype, initiant ces pièces de formes.
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