De forme ronde en placage d’orme, de bois de fruitiers, de loupes et bois de rapport. Le plateau amovible marqueté d’un motif « à écailles de poissons » rayonnant avec au centre, en nacre dans un médaillon et en « intarsia » une couronne de branches et de fleurs stylisées de laurier alternées, reprenant le motif en sycomore teinté vert des douze médaillons du pourtour. Ces douze médaillons sont rythmés par des trophées de jardinage, de musique et de géométrie dans des réserves. Il repose sur un pied central à pans coupés ornés en léger ressaut, de bronzes dorés en appliques figurant des victoires ailées sur des demi-sphères, chacune supportant une couronne de chêne et de glands retenue par un noeud de ruban alternées de flèches marquetées.
Base pentagonale incurvée, ornée de larges palmettes dans des encadrements de filets en amarante et décorée de couronnes de myosotis rubanées en bronze ciselé
doré, terminée par cinq patins en boule aplatie.
Par LOUIS-FRANÇOIS-LAURENT PUTEAUX (non signée)
A l’intérieur de la ceinture une étiquette « imprimé Château des Tuileries – 1829 – N° et manuscrit à l’encre 1047 – Salon de famille du Roi »
Epoque Restauration
(modifications effectuées au XIXème siècle, restaurations, flipots de renforts au revers du plateau)
Hauteur : 74,5 cm
Diamètre du plateau : 141 cm
Provenance :
- Palais des Tuileries
- Christie’s Londres « French fourniture » 11 juin 1992 lot n° 59.
-Collection particulière Belgique
Louis- François-Laurent Puteaux (1780 - 1864), originaire de l’Yonne, arrive à Paris en 1812.
Cet « artiste mécanicien » selon sa définition, excelle dans le travail des bois indigènes et réalise des marqueteries sophistiquées jouant sur les différentes essences des bois. S’il n’obtient aucune commande sous l’Empire malgré sa demande le 29 février 1812 (photo 01), « A son excellence Monseigneur le Duc de Cador, pour fixer l’attention de votre Excellence , je ne doute pas que les soins particuliers de plusieurs années de travail pour leur confection tant par leur élégance que par la perfection de la construction et le choix particulier de bois indigènes dont ils sont composés, la beauté et la richesse de ses meubles fait qu’ils ne peuvent appartenir qu’à Sa Majesté
ou à quelques puissants dignitaires de l’Empire1 ». Ses meubles ensuite aux emblèmes de France attireront l’attention sous la Restauration. Actif rue d’Argenteuil en 1816, puis 10 rue Grande-Taranne en 1821, il transfère ensuite son atelier rue de la Pépinière de 1824 à 1829 et délaisse l’ébénisterie de luxe trop coûteuse.
Ce guéridon bénéficie des recherches effectuées par Denise Ledoux- Lebard 2.
Commandé le 28 mars 1816 par le Garde Meuble Royal, exécuté par l’ébéniste Louis- François- Laurent Puteaux pour le Roi Louis XVIII au palais des Tuileries. L’inventaire du 25 mai 1816 3 décrit sous le n°d’ordre 10293 : « livré le 25 mai 1816 au Garde Meuble de la Couronne, par Puteaux ébéniste, Une table composée de marqueterie
d’un genre Etrusque, sur le dessus et au centre de la dite table est gravé sur ivoire le portrait de Henri IV, au pourtour le chiffre de sa Majesté Louis XVIII incrusté en nacre de perle dans des camées d’écaille et plusieurs autres Emblèmes de l’auguste famille royale douze trophées en marqueterie représentants les arts sont classés
dans la frise , le diamètre ayant un Mtre et 50 C très formant en mosaïque d’un dessin extraordinaire composé avec diverses qualités de bois. La ceinture ou entablement est supporté par cinq lyres d’Apollon et enrichi de tous les accessoires
Ornements et bronzes or mat : en aplomb de chaque lyre sont les armes de France incrustées en nacre de perle dans des Écailles.
L’Estrade de la table est divisée en Cinq Compartiments bien échancrés ou se trouvent incrustées cinq belles palmettes.
Le pied du milieu est divisé en dix parties dont cinq grandes où se trouvent des Victoires en bronze or mat et sur les cinq petites des flèches incrustées de bois jaune et mille autres détails dont l’énumération serait trop minutieuse, pour la somme de sept mille frs cy......7000 ». (photo02).
Ce guéridon est aussi mentionnée le 26 août 1817 (photo03)
« Mr Puteaux a déjà exécuté une table de ce genre dont le Garde meuble a fait l’acquisition au commencement de 1816 moyennant la somme de sept mille francs » 4 Un courrier de Puteaux en octobre 1818 (photo 04) adressé à l’Intendant Général du Garde-meuble de la Couronne Thierry de Ville d’Avray « Monsieur le Baron, L’excessive chaleur et la grande sécheresse qu’il a fait cette année a occasionné la tourmente des meubles, Surtout ceux qui sont fait avec quantité de pièces formant mosaïque...j’ai l’honneur de prier Monsieur le Baron de bien vouloir avoir la complaisance de donner des ordres pour qu’on veuille bien me confier dans mes ateliers les dessus
des deux tables en bois indigènes que j’ai fournies au Gardemeuble de la couronne afin de les rendre dans leur état primitif (sans rétribution), j’ai l’honneur d’être Monsieur le Baron, Votre très humble serviteur, Puteaux, rue d’Argenteuil n°23 »5
Le 26 janvier 1825-6 (photos 05 et 06) il remplace une table achetée en 1817, ayant subi des dégradations, et se trouve alors jusqu’ en 1829 dans le salon de famille au palais des Tuileries. Puis envoyé au Garde Meuble le 8 novembre 1830. Il est ensuite vraisemblablement vendu aux enchères, le 9-26 mai 1831 par Hamot and Chauvelot,
13 rue du Faubourg-Poissonnière 7.
Ce grand guéridon caractéristique de la vogue des bois clairs et indigènes sous la Restauration, témoigne aussi de la dextérité et de la maîtrise parfaite de Puteaux pour
réaliser un décor marqueté très élaboré ; il est à rapprocher d’un exemplaire exécuté par ce même ébéniste, commandé en 1830 par la Ville de Paris à l’occasion d’une
réception de Charles X à l’hôtel de ville et conservé au musée Carnavalet (inv. MB 235).
Ces guéridons, spécificités de la Restauration correspondent à de nouvelles habitudes de salon. « Lorsque les Princesses passent les soirées chez le Roi, elles s’occupent à des ouvrages de tapisseries autour d’une table.
Si sous Louis XVIII les soirées se tiennent dans son cabinet de travail, avec l’avènement de Charles X les habitudes de la famille royale se modifient et les soirées ont
lieu dans le salon de famille ou Salon bleu»
Bibliographie :
-Denise Ledoux-Lebard, «Le mobilier français du XIXème, Paris 1989, l’Amateur Ed, p. 533 reproduit.
-Judith Miller, «Furniture, world styles from classical to contemporary», 2005, A Dorling Kindersley Ed., p. 195 reproduit.
- Un âge d’or des Arts Décoratifs 1814 - 1848, Exposition Paris Grand Palais, 10 octobre-30 décembre 1991, p. 45 – 46 cité et Cf p.222.
1- AN O2 525
2- Denise Ledoux-Lebard, «Le mobilier français du XIXème, Paris 1989, l’Amateur Ed., p. 533
3- AN. O3 2123
4- AN. O3 1883
5- AN. O3 1886
6- AN. O3 2004
7- Vente Londres 11 juin 1992
Description complète