De forme galbée en laque de Chine et laque européenne à fond noir et décor doré et polychrome de paysage avec des pagodes à l’arrière-plan dans la partie centrale; de branchages de prunier et de chrysanthèmes. Elle ouvre à deux tiroirs sans traverse en façade et repose sur des pieds cambrés. dessus de marbre vraisemblablement d’Arzo réparé. Riche décor de bronzes ciselés et redorés tels
que, chutes ajourées de feuilles de chêne et feuilles d’acanthe, encadrements, entrées de serrures et sabots
Estampillée I Dubois et poinçon de jurande JME
Époque Louis XV
(restaurations, reprises au décor des bronzes rapportés)
H : 82,5 cm, L : 95 cm, P : 47,5 cm
Le goût pour l’Extrême-Orient connaît une grande vogue au XVIIIème siècle. Les Marchands-Merciers, «faiseurs de rien et vendeurs de tout », jouent un rôle prépondérant dans l’essor de ce style, fournissant les matériaux venus d’Orient le plus souvent à partir de paravents : panneaux de laque de Chine ou du Japon... Ils s’ingénient à trouver les artisans qui fabriquent pour eux des meubles nouveaux par leur forme, leur technique et leur décor afin de satisfaire une clientèle toujours avide de nouveauté et d’inédit. Le prix du meuble est alors établi en fonction du laque utilisé.
Vers 1730 apparaît la mode d’intégrer les panneaux de laque en les plaquant sur les meubles. Roubo dans l’Art de l’Ebénisterie explique comment on doit refendre un panneau en laque, puis le diminuer au rabot pour obtenir une épaisseur de 2 à 3 mm avant de le plaquer sur la carcasse du meuble en le chauffant. Les artisans laqueurs ne signant pas, leurs noms demeurent inconnus.
Les Européens tentent à moindre coût, de copier les productions orientales par différentes techniques telle le vernis Martin ou laque européenne.
Jacques Dubois (vers 1693-1763) est un des plus grands ébénistes de l’époque Louis XV. Installé dans le faubourg Saint-Antoine, il travaille longtemps comme ouvrier libre avant de recevoir sa maîtrise en 1742, ce qui explique qu’un grand nombre de ses meubles ne soit pas estampillé. Il possède un magasin destiné en partie à l’exportation et connaît un grand succès de son vivant. Sa production se compose surtout de meubles de luxe comprenant souvent des panneaux de laque comme en atteste la commode que nous présentons et une riche décoration de bronze au style rocaille exubérant.
Ceux-ci étaient réalisés en collaboration avec des «marchands-merciers » ; en particulier avec Bertin et le marchand-ébéniste Migeon. A sa mort, sa veuve et son fils René reprennent la direction de l’entreprise pendant une vingtaine d’années et conservent la même estampille : I.DUBOIS.
Cf : Madeleine Jarry, Chinoiseries, Le Rayonnement du goût chinois sur les Arts Décoratifs des XVIIème et XVIIIème siècles, Fribourg 1981, Office du livre Ed., p.
1177-180.
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