Rare aiguière et son bassin dit de la Tempérance en métal argenté réalisé par galvanoplastie, dans le goût de la Renaissance
L'aiguière de forme ovoïde posée sur un piédouche circulaire, avec une anse en forme de femme. Le bassin circulaire où trône au centre la Tempérance, est bordé de moulures de godrons, ciselés de cartouches aux allégories des allégories des trois vertus théologales (la Foi, l’Espérance et la Charité)
Seconde moitié XIXème siècle
H. 31 cm ; D. 45 cm
Bon état général, légers chocs
Oeuvre en rapport :
L’aiguière et son bassin originaux par François Briot, avec de légères variantes par rapport à notre exemplaire, exécutés à Montbéliard vers 1580, sont conservés au Musée du Louvre (inv. OA 690 et 691).
Historique :
Si l’aiguière médiévale, dite aquamanile, affecte volontiers une forme zoomorphe ou anthropomorphe, les artisans de la Renaissance rivalisent de virtuosité pour créer des récipients inspirés de modèles antiques. Parallèlement aux orfèvres, les potiers d’étains proposent de luxueuses pièces destinées à concurrencer l’argenterie auprès d’une clientèle moins fortunée mais tout aussi soucieuse d’apparat. La seconde moitié du XVIe siècle voit en particulier fleurir une production raffinée à décors maniéristes moulés en bas-relief, connue sous la dénomination allemande d’Edelzinn («étains nobles»). Son représentant le plus illustre est le Lorrain François Briot (vers 1550-vers 1616), dont l’œuvre connut un succès qu’attestent les nombreux emprunts et copies qui en furent tirés de son vivant et jusqu’au XIXe siècle.
Le bassin de la Tempérance en particulier a fourni un modèle extrêmement apprécié, également transposé en terre vernissée par des potiers français de la suite de Bernard Palissy (vers 1510-1589). Grâce aux nouveaux procédés de reproduction électrochimiques, l’engouement pour cette œuvre exceptionnelle renaît dans la seconde moitié du XIXe siècle, comme en témoignent les trois exemplaires modernes conservés au musée d’art et d’histoire de Genève (inv. M 30, M 213 et 14771). De façon plus inattendue, le trophée du tournoi Simples Dames de Wimbledon, fabriqué en 1864 par la manufacture Elkington and Company de Birmingham et remis pour la première fois en 1886, est une reproduction par galvanoplastie de l’une des versions créées à Nuremberg par le potier d’étain Caspar Enderlein (1560-1633).
Littérature :
Philippe Boucaud, ÉTAINS DE LA RENAISSANCE. François Briot, ses inspirateurs, ses imitateurs, in L’Estampille, n° 193, 1984.
Le bassin de la Tempérance de François Briot. Une précieuse leçon d’hygiène du XVIe siècle, article écrit par Corinne Borel, blog du MAH de Genève, 28 avril 2020.
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