APRES SON AIDE LORS DE LA BATAILLE DU SIÈGE DE ROUEN EN 1592
Le pommeau rond est orné de deux sirènes et tritons à longues chevelures et barbes, leurs queues de poisson s’entrelacent à la base. La fusée est décorée par d’autres tritons identiques à ceux du pommeau. La garde quant à elle est finement sculptée de tritons les mains liées dans le dos, leurs queues entrelacées au sommet du talon de la lame donnent à cette partie de la poignée appelée l’écusson une forme trilobée.
L’ensemble de la monture est agrémenté d’éléments marins tels que des poisons, des coquillages et des végétaux.
La lame est gravée de l’inscription «HANS…HOSENS…GLORIA» pour Gloire à Hans Hosen, puis décorée de rinceaux feuillagés avant d’être de nouveau gravée de la légende «SOLI DEO GLORIA. FIDES EI VIVIDA» (Seul Gloire à Dieu, foi
vive en lui). Le tier de la lame à partir de la poignée a été trempée à bleu puis fortement doré après que l’artiste fournisseur y ait gravée la mention « IOANNES.WUNDES.M.FECIT.SOLG et VIRITUS.
FUNERIS.SUPERTES.163 » (Jean Wudes m’a fait à Solingen) et (le courage domine la mort), ainsi que d’un écusson armorié de deux croix pattées et d’une demi fleurs de lys surmontée d’une couronne royale marquée.
Provenance :
Présumé propriété personnelle d’Henri IV, Roi de France et de Navarre, offerte par le précédent à Jean d’Harambure dit le Borgne (1553-1630) pour le remercier de son aide lors de la bataille contre les Espagnols. Par descendance : Henri d’Harambure (1600-1669) ;
Jean d’Harambure (1660-1703) ; Paul d’Harambure (1683-1746) ; Louis-François-Alexandre d’Harambure (1742-1828) ; Louise Virginie d’Harambure (circa 1798); Gabriel de la Poeze d’Harambure (1826-1906) ; Jean de La Poeze d’Harambure (1858-1945) ;
Raoul de la Poeze d’Harambure (1890-1952) puis par postérité.
-Osenat, 24 mars 2013 lot numéro 152.
Contexte historique :
Henri de Navarre lors de sa chevauchée vers Paris et donc vers le trône, organise contre la « ligue », le siège de Rouen qui était une place stratégique pour le ravitaillement de la capitale.
Lors de la bataille le futur Roi se retrouve plier sous les assauts des Espagnols, et sans l’intervention de Jean D’Harambure à la tête de ses chevaux légers on peut imaginer qu’il aurait été fait prisonnier.
« D’Harambure défendit si vigoureusement contre toute l’armée du duc de Parme, que l’ennemi fut forcé de renoncer à sa poursuite. Cette action coûta 10 chevaux légers à d’Harambure.
Faisant alors remonter à cheval ceux qui lui restaient encore, il va rejoindre le Roi et délivre sur son chemin Agrippa d’Aubigné qu’il rencontre renversé sur son cheval, et sur le point d’être pris par les espagnols, qui sont eux-mêmes faits prisonniers. Des
mémoires de familles portent que ce fut à cette occasion que Henri IV donna à d’Harambure une épée d’un beau travail pour ce temps-là, sur la garde de laquelle sont représentés deux hommes enchaînés, pour faire allusion sans doute aux lanciers espagnols.»
(Extrait des Archives généalogiques de la Noblesse de France par M.Lainé, Paris 1828)
Eléments de structure de l’épée :
- La monture :
Originellement, nous pouvons affirmer que la monture affichait un fort contraste en alternant les couleurs or et argent noirci pour les corps et visages (voir oeuvre en rapport)
- La lame :
La lame originelle devait être polie et sans gravures, plus fine et plus longue à section losangique si l’on se réfère aux éléments de fourreau assortis en suite de la monture. La nouvelle composition date de 1631 soit un an après le décès de
Jean d’Harambure (1630). Les modes changent avec le temps et, les épées ne faisant pas exception, il semble que l’héritier ait décidé d’une « mise » au goût du jour en plus d’un enrichissement esthétique. Il aurait été néanmoins dommage de perdre « l’âme » d’acier originelle.
Or on peut observer une différence nette entre les deux parties de la lame.
Un écrasement présent en sa moitié semble être une soudure de qualité. La lame est dans un premier temps d’acier poli puis d’une seconde nature dont le métal affiche les stigmates de nombreux affûtages qui semble de nature plus ancienne.
Le passé n’est donc pas oublié et la lame devient non pas remplacement mais hybride d’un passé glorieux et raffinement présent.
Dimensions :
Pommeau : 4,5 cm de largeur.
Fusée : 7 cm de longueur
Longueur totale : 145 cm
Lame : 81 cm de longueur pour 2,8 cm de largeur
OEuvres en rapport :
Nous pouvons comparer cette épée à celle du Bayerisches Nationalmuseum (Salle n°18, inv. W587) dont la composition et le pommeau sont quasi-identique. L’exemplaire du musée peut nous donner une image de ce à quoi pouvait ressembler notre
épée fut un temps avec sa dorure et ses contrastes d’argent noirci.
La proximité stylistique du travail nous laisse à penser que notre épée fut fabriquée en Italie et avant la bataille de 1592.
Annexe 1.
Bibliographies de référence :
- Revue du bas Poitou, parution 1899. « L’épée XVIe siècle du marquis d’Harambure » Par Octave de Rochebrune.
- Archives généalogique de la noblesse de France par M.Lainé, Paris 1828
Nous remercions messieurs Grégoire de Thoury et Simon Colombo pour la rédaction de cette notice.
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